Deux écoles

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ChillyWilly

Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 22 Avr 2010 09:37

Deux écoles

Dans l'univers des magiciens, deux écoles s'opposent sur les principes fondamentaux.
- La première qui comporte environ 99,9% des illusionnistes amateurs et professionnels, prend comme point de départ: La Magie n'existe pas. (la célèbre phrase : "There's no such a thing as magic" dans le tome 1 des romans “Harry Potter”. Toute réflexion à ce sujet est donc définitivement close. Ce qui n'empêche d'avoir de fabuleux artistes dans cette voie de Juan Tamariz à Tommy Wonder.
- La seconde, le 0,1% restant, cherche à définir le concept même de magie de manière à donner une base de travail différente à l'illusionnisme. Quoique cette approche soit réellement d'avant-garde, elle est également très ancienne, ce qui peut sembler paradoxal mais ne l'est pas. Les illusionnistes du début du XXème siècle et avant, sous-entendaient l'existence d'un monde parallèle (Mondes liés au principe de Terrae Incognitae*, lieux de mystères et d'étrangetés). Bien entendu, ces deux démarches sont totalement incompatibles, mais la seconde englobe cependant la première.
Cette seconde approche s'ouvre plus facilement aux autres arts pour retrouver des définitions du mot "Magie". Elle est également liée aux mythes traditionnels et contemporains, au légendaire, et au fantastique.
Dans ce type de spectacle, la question du: "Comment ça marche ?" ne se pose plus. Seul l'émerveillement compte, fut-ce t'il très sombre.
On se trouve donc dans une sorte d'affrontement à la « Harry Potter »: Moldus contre Sorciers.

Le public rejette une certaine forme d'illusionnisme, pour la bonne raison que cette forme ne contient aucune magie, aucun suspense, aucun mystère, aucune aventure. Pour simplifier, je pense que la majeure partie du public de ce début de troisième millénaire, n'associe plus magie et prestidigitation, mais reste en demande pour des mondes fabuleux. Des films comme Harry Potter, le Seigneur des anneaux, X-Men, Heroes ... redéfinissent pour un long terme ce mot Magie, si longtemps galvaudé.
Un des ingrédients essentiel à la coloration de cette magie, est le concept d'aventure, ce qui nous ramène au danger, mystère, étrange et surtout Imagination. Mais c'est un autre débat.

*La découverte progressive des derniers endroits cachés de la planète a contribué à la disparition du mystère. Certains illusionnistes contemporains se sont donc intéressés à des mondes parallèles crédibles, de nouvelles terres inconnues, quitte à les produire de leur imagination fertile.

Personne ne demande au magicien d'affirmer qu'il a des pouvoirs; ce qui le différencie des escrocs du paranormal. Mais, s'il est vraiment talentueux, il va le suggérer dans ses actions, choix d'effets*, mises en scène etc.; ce qui importe est de mettre en marche l'étincelle qui active l'imagination du spectateur.
Le magicien offre donc l'opportunité d'entrevoir un univers parallèle. C'est évidemment un jeu très subtil à jouer, et la majeure partie des mentalistes contemporains sont tombés dans le piège de l'ésotérisme à bon marché. Je vous ferai grâce de ne pas citer de nom; mais bon.
Cette approche change tous les paramètres habituels de la création et mise en scène des effets. Elle change la définition même des effets.
Un exemple qui reste encore à la limite du rationnel peut être trouvé chez Derren Brown, et ses explications "psychologiques". Il voyage à la frontière de l'étrange sans toutefois verser dans le magique, et c'est peut-être dommage.

La chose qui est difficile à comprendre, c'est que ces deux univers sont totalement différents. Aussi bien d'un point de vue technique (la technique doit non seulement devenir absolument invisible, mais également imperceptible. - les spectateurs ne peuvent même pas imaginer qu''elle a lieu) que d'un point de vue de l'approche.
Ce qui demande donc un très haut niveau technique et nous éloigne définitivement des démonstrations de jonglerie habituelles.
La nature des effets est entièrement autre, et leur construction idem.
Les mouvements vont faire l'objet d'une étude pour se fusionner dans le texte et les actions théâtrales, et le fameux triangle Objet-Histoire-tour va se compléter d'un triangle action technique-Scénario-action théâtrale. - Un geste technique va donc se justifier par une action théâtrale liée au moment de 'histoire.*
Il suffit d'avoir vu en action la routine de cartes (si on peut encore appeler ça une routine) nommée "Paradise Lost" pour se rendre compte de la distance qui sépare les deux univers (moldus-sorciers).
Le conflit apparent qui semble opposer deux genres de magiciens prend ses racines dans la nature même de l'acte magique.

*L'histoire devient donc technique de mis*¤$ à part entière.
Paradise Lost (dont le titre est évidemment une référence à l'œuvre de Milton et au mythe fondateur du Mardi Gras de New Orleans) est le plus parfait exemple de cette technique d'association dans laquelle une très grande quantité de mouvements devient totalement imperceptible. Dans la technique de création de cette "routine", les éléments technique-histoire-gestuelle théâtrale se sont modifiés ensemble de manière holographique. Et aussi curieux que cela puisse paraître, il s'agit d'un tour de cartes... dont l'effet transporte les spectateurs au Mardi Gras de la Nouvelle Orléans. Il y a donc création d'un moment magique qui dépasse largement le cadre du "truc". Ceux qui ont assisté à la démonstration de la routine savent de quoi je parle, les autres ne pourront qu'imaginer.
Modifié en dernier par ChillyWilly le 22 Avr 2010 23:03, modifié 2 fois.

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s1702
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Re: Deux écoles

Message non lupar s1702 » 22 Avr 2010 10:55

Ce qui est frappant, c'est que ce même concept (ou cette même dichotomie) peut s'appliquer aussi à la triche, au mentalisme, etc... Là aussi on trouve des "magiciens" d'un côté et de l'autre, les 0,1 % de mentalistes (par exemple) qui feront qu'après l'expérience une partie du public se demandera si vraiment ce n'est pas possible (au moins pendant un moment).

Lorsque vous évoquez l'association Objet-Histoire-tour, on pense à la théorie du triptyque que vous avez rapidement évoquée sur Magic Café entre autre.
J'avoue être sensible à cette approche. Mais... J'ai du mal à comprendre, non pas l'intérêt de l'objet, ou son utilité, ou sa mission (enfin, je pense), mais plutôt pourquoi il est indispensable.
De mon petit point de vue, il me semble que c'est aussi une façon de se dédouaner. Je veux dire que la magie n'est pas le fait du magicien (ce qui est pratique) mais... de l'objet. Non?
N'est-il pas envisageable que la magie soit tout simplement là?
Que le magicien ne soit que le vecteur permettant au spectateur de la révéler?
Ca a l'air de rien, mais c'est en partie sur cette base que je monte mon ridicule petit travail.

(si vous pensez que la question dévie trop de votre sujet, faites le savoir, j'ouvrirais un nouveau post).
s1702
Bebel a écrit :Rien absolument rien ne justifie le débinage. Le magicien n’a rien à y gagner, la magie non plus.

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 22 Avr 2010 11:09

L'objet est dès le départ le capteur d'intérêt et le vecteur du mystère. Le spectateur entre dans votre jeu en se posant la simple question: "Qu'est ce que c'est que ce truc ?"
Un jeu de carte est un objet trop banal que pour éveiller un intérêt à lui seul. Dans mon travail, la magie n'existe que dans la perception de l'autre. (Et en plus j'adore les objets étranges, alors...)
L'objet permet également de conserver un distance entre soi et le phénomène magique. Cela évite le premier degré du "J'ai des pouvoirs mystiques incroyables" qui va plutôt provoquer une réaction de rejet de la part du spectateur.
Bien entendu, il s'agit d'UNE approche parmi d'autres possibilités, mais elle a fait ses preuves.
Modifié en dernier par ChillyWilly le 22 Avr 2010 23:04, modifié 1 fois.

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Philip59
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Re: Deux écoles

Message non lupar Philip59 » 22 Avr 2010 11:18

:ave: :ave: :ave:

Merci pour ce post...

J'en profite pour parler de Paradise Lost, dont je suis l'un des heureux propriétaires...

Paradise Lost pourrait être un n-ième tour de carte, mais c'est plus que cela. Pour moi, c'est un réel cours d'Illusionisme Fantastique :

- L'histoire nous emmène dans une contrée lointaine géographiquement mais aussi culturellement (La Nouvelle Orléan)
- Cette histoire, outre qu'elle utilise de véritables ressorts dramaturgiques et scèniques, est appuyé par certains objets à la fois anodin et terriblement mystérieux
- enfin, le "tour" en lui-même est une véritable tuerie... Mais, bizarrement, ce n'est pas l'effet du tour qui est le sujet principal. En effet, l'harmonie dans le triangle histoire-objets-tour est telle qu'il est difficile de savoir ce qui compte le plus ou ce qui marquera le plus le spectateur. On est bien loin de la "magie traditionnelle" où les effets magiques se suffisent à eux même.

J'ai particulièrement apprécié la manière dont le texte et le tour se calquent, se surposent afin de rendre les techniques invisibles... On parle souvent de "justification" de nos actes lors d'un tour. Dans Paradise Lost, cette justification prend une dimension supérieure.

On pourrait croire que le triangle Histoire/objet/tours se suffise à lui même. Ce n'est pas le cas. Comme le rappelle ChillyWilly ci dessus, ce triangle se couple d'un triangle action technique-scénario-action théâtrale. C'est cette maîtrise de second triangle qui est indispensable avant de pouvoir dire que l'on maîtrise Paradise Lost. En effet, les action théâtrale induite par le scénario servent à camoufler, justifier et rendre imperceptible les actions techniques...

Ce principe, indispensable en Illusionnisme Fantastique, est aussi très utile en "Magie traditionnelle"... car nous pouvons alors remplacer les misdirections classiques et nos grosses ficelles par une technique réellement efficace.

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Philip59
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Re: Deux écoles

Message non lupar Philip59 » 22 Avr 2010 11:22

Suite à la question posée par s1702 sur le sens et l'importance de l'objet :

Finalement, est-ce que cette objet n'est pas juste là pour intriguer ? pour captiver ? C'est le seule lien entre un monde décrit par l'Illusionniste fantastique et le monde réel du spectateur.

Est-ce qu'on ne peut pas rejoindre la problématique de l'objet avec celle de la question, soulevée par Eugène Burger ? Cette question qui sert à amorcer une phase d'interrogation, de doute et qui captent immédiatement l'attention des spectateurs ?

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 22 Avr 2010 12:54

L'objet ancre le monde du mythe dans la réalité.

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crazyman85
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Re: Deux écoles

Message non lupar crazyman85 » 22 Avr 2010 21:25

Ton analyse est vraiment très pertinente, elle reflète vraiment le monde des magiciens. On pourrais prendre en exemple un sujet il n'y a pas si longtemps que cela sur ce forum même où plusieurs "magiciens" disaient ne pas croire en la magie.

Est-ce vraiment grave de prendre comme point de départ que la magie n'existe pas ? Un bon comédien ne peut-il pas donner l'illusion de croire à la magie ? Si, comme tu le dis, Tommy Wonder ne croyait pas à la magie, alors il est possible d'avoir l'air d'un magicien sans réellement croire à la magie.

Selon moi, le vrai soucis n'est pas de croire ou de ne pas croire à la magie, c'est d'avoir l'air d'y croire, d'être réellement impliqué dans ce que l'on présente et de tout faire pour que ça aie vraiment l'air magique (manipulations invisibles, ambiance, objets, références à des histoires réelles ou à des légendes,...).



Pour ma part, je te l'avoue, je ne crois pas du tout à la magie. Par contre, je ne sais que penser des histoires de fantômes, de malédictions, de vie extra-terrestre. Je suis également assez fasciné par des légendes.
J'ai très récemment épuré énormément mon répertoire de tours pour supprimer tout ceux qui ne me semblaient pas magiques. Et en fait, cet été j'ai pour projet de créer mes propres routines à partir de sujets qui m'intéressent réellement (et qui sont fortement susceptibles d'intéresser un public) afin d'avoir mes propres routines dans lesquelles j'aurai une implication qui sera la plus grande possible.

Je m'éloigne de plus en plus des tours et j'essaye de m'approcher de la vraie magie. Cela demande énormément de travail.


Je n'aime personnellement pas prétendre que j'ai des pouvoirs, je préfère encore que ce soit des objets qui aient des pouvoirs ou que je ne fasse que relater une chose qui s'est passé de nombreuses années en arrière. En fait, j'essaye, lorsque je le peux, de donner l'impression de n'avoir même pas touché les objets puisque les spectateurs ne font pas facilement confiance à un magicien.



Sinon, je commence à apprécier de plus en plus les objets ayant une allure peu ordinaire car rien qu'en les voyant on peut s'imaginer toute sorte de choses quant à sa provenance et aux histoires qui y sont liées.



J'arrête mon message ici pour ce soir car j'ai l'impression qu'il y a tellement d'informations dans ton message que je n'en ai même pas saisi 0,01%. Je réécrirai sur ce sujet quand j'aurai pris le temps de le comprendre entièrement.

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 22 Avr 2010 21:42

"Paradise Lost" est effectivement une véritable leçon de magie.

Sinon, je commence à apprécier de plus en plus les objets ayant une allure peu ordinaire car rien qu'en les voyant on peut s'imaginer toute sorte de choses quant à sa provenance et aux histoires qui y sont liées.


http://www.surnateum.org Ce genre d'objets ?

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crazyman85
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Re: Deux écoles

Message non lupar crazyman85 » 22 Avr 2010 21:51

ChillyWilly a écrit :http://www.surnateum.org Ce genre d'objets ?


Exactement. Je trouve que les objets, qu'ils soient anciens ou issus d'une autre culture, voire les deux, peuvent permettre de transporter beaucoup plus aisément le spectateur dans l'univers vers lequel nous voulons l'emmener.

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 22 Avr 2010 21:53

Ce n'est pas faux, mais qui pourrait posséder une collection pareille...

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Comme un Vampire Killing Kit

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Un Ghost Hunter Kit de 1926/1940

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La lampe d?Al?? ad-D?n

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Des Shihab Taqib (les "tueurs de Djinns provenant de la Cité des Djinns) et un Talisman pour les appeler.

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Un véritable Guéridon Spirite (1865-1870), peut-être le seul connu...


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Une machine à remonter le temps.

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On peut rêver... :wink:

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 23 Avr 2010 08:01

Je reviens un peu sur le rôle de l'objet.
- L'objet est un McGuffin ( http://fr.wikipedia.org/wiki/MacGuffin ).
Le MacGuffin est un objet matériel et généralement mystérieux qui sert de prétexte au développement d'un scénario. Le principe date des débuts du cinéma mais l'expression est associée à Alfred Hitchcock, qui l'a redéfinie, popularisée et mise en pratique dans plusieurs de ses films.


- L'objet permet la suspension d'incrédulité car il apporte "la preuve" physique de l'existence d'un monde parallèle avant même d'avoir commencé à l'évoquer. Il plonge votre audience dans l'atmosphère du mystère.

- Il existe une infinité d'objets possibles, voir à ce propos aussi bien les Indiana Jones, que Warehouse 13 ou "the Lost Room".
Certains sont mystérieux et proviennent de monde extraordinaires, d'autres sont d'une apparente banalité mais... Certains objets ont un pouvoir immédiat (Zodiaque), d'autres ont un pouvoir décalé ou évocateur: à quoi peut bien servir un kit de tueur de vampire du XIXème siècle ? Dans le cas des objets montrés ci-dessus, la table spirite est ce qu'elle est: un objet incroyablement rare mais indiscutable quant à sa nature. Il permet de glisser vers un spectacle sur le spiritisme. La lampe perse du XIème siècle est facile à dater, mais est-ce la lampe d?Al?? ad-D?n ? Une histoire et des "effets" vont être indispensables pour le suggérer.

L'autre Lampe d'Alà ad-Din et le Tapis du Vent.

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- Dans cette forme d'illusionnisme, certains objets ne requièrent aucune démonstration particulière, aucun "tour" pour les activer. C'est le cas des objets cryptozoologiques par exemple.

Monnaie Mumuye... Kraken
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Bien entendu, l'objet ne reste qu'une pièce du puzzle qui construit l'effet, l'illusion.

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 24 Avr 2010 23:18

Il n’y a bien entendu pas qu’une seule façon d’interpréter le mot « Magie ».
Dans mon cas particulier, assez différent de ce qui a été fait jusqu’à ce jour, plusieurs réponses sont possibles, mais je pense que
- La magie est une émotion de nature transcendantale qui rompt définitivement avec une conception réaliste et purement matérialiste du monde. Son aspect poétique est indéniable. Mais certains moments de l’existence, certaines œuvres exceptionnelles pas spécialement liées à la prestidigitation) peuvent nous amener vers cet état. La magie peut éventuellement être sombre et terrifiante mais elle excite toujours l’Imaginaire.
- La magie est également une rupture brutale avec la réalité. Le monde tel que je le conçois vient de brutalement disparaître. Mon réel et mes croyances viennent de s’effondrer. Par exemple : le Voyage temporel est possible, les vampires existent, etc.
- Je viens de pénétrer dans un autre univers, le monde du Mythe, par exemple. C’est ce que j’appelle entrer en Alcheringa, référence au monde du Mythe Aborigène. Bien entendu, mythes traditionnels et urbains* peuvent se mélanger sans difficulté. Je peux vouloir croire à l’existence d’un monde parallèle, fut-il inspiré de celui d’Harry Potter, mais entrer dedans de plain-pied est une autre expérience.
- Dans mon univers, j’ai établi un processus qui mélange divers aspects. Le triangle Objet – Histoire – Tour se combine pour créer un autre niveau d’effet de magie.
o L’Objet éveille la curiosité de l’autre et connecte son réel à son imaginaire. Il réveille des souvenirs enfouis et matérialisera de manière indéniable le mythe dans le réel.
o L’Histoire va faire progressivement basculer le spectateur d’un univers vers l’autre. Elle va créer le lien entre l’Objet, la Croyance et le phénomène, c'est-à-dire le tour. L’Histoire entraîne d’autres composantes dont la plongée dans l’Aventure est certainement un élément essentiel. Par l’Histoire, le Spectateur va devenir Acteur dans le monde qui s’offre à lui. Il va donc le posséder d’une certaine façon.
o Le tour a, en général, pour effet de faire basculer définitivement le spectateur le plus rationnel de l’autre côté du miroir. J’utilise la logique contre elle-même pour détruire tout système de défense contre le merveilleux. Pour que cet élément soit utilisable, il ne peut souffrir d’aucun défaut.
o C’est aussi pour ça que le travail sur la Suspension d’Incrédulité est au centre de mon travail. Le Triangle constitue une nasse multidimensionnelle dans laquelle je vais piéger le rationnel des spectateurs pour l’amener à entrer dans le monde que je crée.

J’ai travaillé sur le principe de l’Illusionnisme épique en partant du conte, de la légende ou du mythe pour l’amener vers le réel. Je vais prendre un exemple tiré de LU. Le Cadeau de Noël est l’exemple d’une magie non réaliste. Bien que le terme « non-réaliste » soit en principe impropre ici, vu que le tour ramène le Conte dans la réalité.
Et on revient au sujet de base de cette discussion.
Ce qui me différencie fondamentalement de la quasi-totalité des autres illusionnistes, est que contrairement au point de départ qui est : la magie n’existe pas (sur un ton aussi ferme et définitif qu’il est possible d’avoir), j’ai opposé qu’elle existait et que j’allais tenter de la définir. J’ai donc choisi volontairement une option de recherche à la place d’une fermeture définitive de la porte vers le merveilleux.
Il y a des spectateurs totalement fermés à la notion même de magie. Les zététitiens, les magiciens de club, les alcoolos bourrés sont des gens pour qui je refuse tout simplement de travailler, parce qu’il est impossible de les transporter dans un autre monde. S’ils font accidentellement partie du public, ils apprécieront au mieux la qualité des « trucs ».

*Par mythe urbain, je pense à tout ce que le cinéma et la littérature contemporaine ont créé. Mon intérêt pour le X-Men, Harry Potter, James Bond, le Seigneur des Anneaux et autres, n’est bien entendu pas dû au hasard.

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Re: Deux écoles

Message non lupar naat-l » 24 Avr 2010 23:39

:ave:
JL.

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Re: Deux écoles

Message non lupar freddragn » 24 Avr 2010 23:40

ChillyWilly a écrit :Bien entendu, mythes traditionnels et urbains* peuvent se mélanger sans difficulté. Je peux vouloir croire à l’existence d’un monde parallèle, fut-il inspiré de celui d’Harry Potter, mais entrer dedans de plain-pied est une autre expérience.

Quand tu dis que le traditionnel et l'urbain peuvent "se mélanger", je ne suis pas sûr de comprendre : ils peuvent se mélanger entre eux (Là alors, je suis un peu perdu...) ou participer à cette même chose qu'est la magie tout en gardant leur distance l'un de l'autre?

ChillyWilly a écrit :Le triangle Objet – Histoire – Tour se combine pour créer un autre niveau d’effet de magie.

Alors là, je veux être sûr d'avoir compris les choses qui suivent cette phrase. Donc je vais l'exprimer avec mes mots et des phrases courtes.
1°) L'objet est le déclencheur de l'imagination du spectateur.Il va susciter le questionnement et laisser le spectateur penser et son esprit vagabonder.
2°) L'histoire va stimuler cet imagination. Elle va apporter au spectateur un monde fantastique qui va s'imposer peu à peu dans son esprit et lui faire perdre doucement ses repères dans le réel.
3°) Le tour est le point final à la création de l'univers imaginaire : c'est lui qui va faire perdre pied à la personne en face, créant ainsi le doute, l'émerveillement, la crainte ou tout autre sentiment qui sera généré par ce nouveau monde qui prend la place de l'habituel.
Donc pour résumer, cet autre niveau de magie peut-il être comparé à l'allumage d'un feu?
1°) Le briquet, source d'allumage.
2°) Le souffle ou le vent qui vient aider à la prise.
3°) Le feu en tant que tel.

ChillyWilly a écrit :Le Cadeau de Noël est l’exemple d’une magie non réaliste. Bien que le terme « non-réaliste » soit en principe impropre ici, vu que le tour ramène le Conte dans la réalité.

Là, je dois bien avouer que je ne comprends pas très bien. Tu peux éclaircir un peu ma lanterne?
http://www.magicfred.be
Ma vie est un roman, la magie est son histoire.

ChillyWilly

Re: Deux écoles

Message non lupar ChillyWilly » 24 Avr 2010 23:46

Mythe traditionnel: exemple, la mythologie grecque (ou autre)
Mythe urbain: les superhéros (voir Heroes)
Il n'y a pas de différence fondamentale entre les deux, les mythes urbains sont des mythologie adaptées à nos sociétés.

L'histoire installe l'objet mythique dans le réel et permet à l'autre de le situer.

Le cadeau de Noël est une manière de raconter l'histoire du Père Noël en lui donnant un ancrage dans le réel.
La Blague de Vanderdeken, pour les lecteurs de LU, parégalement d'un mythe, et lui donne une consistance réelle. Le spectateur a finalement un contact réel avec le mythe.


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